Sermon – Marc 6: 1-13 (4 juillet 2021)

* 2 Samuel 6: 12-22

Probablement depuis de début de l’humanité, à chaque fois qu’un individu ressort du groupe, tente d’offrir quelque chose de différent ou ose bousculer les conventions établies, il y a toujours au moins un autre individu pour le critiquer, se plaindre de ses gestes ou lui faire des remontrances.  Au nom de l’homogénéité, de la cohésion ou du bon fonctionnement d’un groupe, plusieurs tentent de contrôler les initiatives personnelles qui émergent à gauche et à droite.  Par exemple, lorsque je travaillais pour des paroisses anglophones, j’ai tenu un blogue vidéo en français pendant huit ans sur les textes bibliques de la semaine.  Je faisais ça pour le plaisir.  À quelles reprises, j’ai rencontré des gens qui me disaient sur un ton plus ou moins condescendant: « Ah!  M. Podcast! »

Dans le texte de ce soir tiré du deuxième livre de Samuel, David n’est plus le jeune garçon qui a défait le géant Goliath.  Il est maintenant un homme, un grand leader militaire qui a renversé Saül et vaincu tous ses ennemis de l’extérieur.  Pour consolider son pouvoir, il choisit la ville de Jérusalem pour devenir la capitale politique et religieuse de son royaume.  Son projet passe par le rapatriement de l’Arche d’alliance, volée par les Philistins plusieurs années auparavant et qui, comme nous le savons tous et toutes, se retrouve aujourd’hui dans un entrepôt de l’armée américaine comme le montre le film Indiana Jones.  Plus qu’un simple coffre orné qui contenait les tablettes de la Loi, cet objet sacré représentait la présence de Dieu au sein de son peuple.  Depuis le temps de Moïse, l’Arche d’alliance était présente dans toutes les pérégrinations des Israélites.

Ce rapatriement aurait pu être un événement très simple.  Mais David voulait démontrer à tous et toutes qu’il est maintenant l’homme de la situation.  Alors, le roi organise une mise en scène spectaculaire.  Les célébrations sont marquées par des processions, des trompettes, de la musique, des cris de joie et de la nourriture.  Après que les porteurs du coffre sacré eurent fait seulement 6 petits pas, David sacrifie un taureau et un veau gras.  Ensuite, il se met à danser de toutes ses forces en l’honneur du Seigneur, vêtu seulement d’un pagne de lin des prêtres.  Ce vêtement liturgique, appelé éphod, ressemble un peu à un tablier pour la cuisine.  Il recouvre le devant, mais pas le derrière.  C’est une bonne chose que cette histoire se déroule au Proche-Orient au lieu du Canada durant le mois de février. 

Si une grande foule semble participer et apprécier les célébrations, tous ne sont pas contents… ou plutôt toute.  Mikal, fille de Saül et l’une des nombreuses épouses de David, n’est pas vraiment pas convaincue par ce qu’elle voit.  En fait, elle éprouve du mépris pour David en raison de son comportement jugé vulgaire.  « Regardez l’autre qui fait un fou de lui en montrant son… royaume à tout le monde!  Même les serviteurs et les servantes ont été obligés d’assister à ce spectacle honteux.  Pauvre David!  N’as-tu pas plus d’amour propre? Ne comprends-tu pas que tu n’as pas solidifié ta position, mais plutôt tu t’es déshonoré? »

Honnêtement, je ne suis pas un grand fan de danse liturgique, et surtout, je ne veux jamais vous voir vous déshabiller pendant un service religieux.  Ja-mais!  N’y pensez même pas!  Cette histoire est quand même inspirante parce qu’un jour David a eu le goût de célébrer de toutes ces forces un grand moment dans la vie de son peuple.  Même s’il était en présence du Seigneur, il n’a pas tenté de restreindre sa joie.  Il n’a pas tenté d’étouffer ses émotions.  Il a simplement dansé.  Il a dansé sans inhibitions.  Il a dansé devant sa famille, ses amis et sa communauté.  Il a dansé sachant très bien que quelqu’un allait le critiquer.

Même dans nos milieux d’Église, (certains diraient surtout dans nos milieux d’Église) il y a toujours des personnes pour nous faire des remontrances ou nous reprocher d’avoir dit rouge ou lieu de vert.  Nous pouvons écouter ces individus au point de les laisser influencer nos actions et nos opinions.  Pour éviter des conflits, nous pouvons limiter l’expression de nos valeurs religieuses à l’intérieur de nos maisons.  Nous pouvons éviter de confronter les personnes qui profitent d’un système exploitant d’autres êtres humains.  Nous pouvons exclure de toutes nos conversations le racisme systémique, les changements climatiques, l’homophobie ou tout autre sujet soi-disant controversés.  Mais notre foi et notre spiritualité ne devraient jamais se limiter à maintenir le statu quo ou la paix sociale.  Nous sommes tous et toutes appelés à ne pas avoir peur et nous impliquer dans le monde, à être visibles, à oser agir, à vivre pleinement nos valeurs, et laisser derrière nous ceux et celles qui ont toujours quelque chose à redire parce que nous avons reçu l’assurance que Dieu demeurera toujours au sein de son peuple.  Dieu sera toujours avec nous. 

Si la semaine dernière nous avons vu que les habitants de Nazareth éprouvaient de la difficulté à voir en Jésus autre chose que fils de Marie, cette semaine nous sommes confrontés à la réaction négative de certaines personnes face aux succès des autres.  Certes, David était un personnage complexe, capable du meilleur et du pire comme nous allons le voir dans quelques semaines.  Il était extravagant.  Il était un peu arrogeant.  Il semblait aimer le faste.  Cependant, il avait le courage d’oser exprimer ses sentiments et ses valeurs malgré ses détracteurs.  C’est pour cette raison qu’il demeure un exemple pour nous lorsqu’il est le temps d’affronter la critique et de sortir des cadres restreints où on veut parfois nous enfermer.  Amen.

* Stev Harvey, unsplach.com