Sermon – Jean 20 : 19-31 (16 avril 2023)
Jean 20 : 19-31
Traditionnellement, le texte biblique utilisé le premier dimanche après Pâques est tiré du chapitre 20 de l’évangile selon Jean. Le sermon traite de Thomas, le disciple qui ne veut pas croire en la résurrection du Christ à moins de voir des preuves physiques et tangibles. À la fin du message, le pasteur reprend la déclaration de Jésus : « bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru, » et il invite les paroissiens et les paroissiennes à faire de même. J’ai prêché cela tellement souvent que je n’ai plus rien à dire d’original sur ce sujet.
Aujourd’hui, j’aimerais porter votre attention sur le début du passage. Les disciples sont enfermés dans une maison. Ils ont verrouillé les portes par crainte des autorités. Ils ont vécu une série de retournements et de trahisons durant une très courte période qui a mené à l’exécution publique de leur maître pour avoir proclamé la venue d’un autre royaume, d’une autre manière d’organiser la société. Ces hommes et ces femmes se sentent perdus, confus et complètement dépassés par les événements. Ils ne savent pas quoi faire. La peur les immobilise.
Je crois que nous pouvons très bien comprendre les disciples malgré les différences d’époque et de culture. Combien de fois avons-nous vu un phénomène similaire dans un parti politique, une association ou même un mouvement religieux? Qu’allons-nous faire maintenant que le fondateur est parti? Qui va prendre la relève? Qui va nous organiser? Qui va nous dire quoi faire? Devant l’inconnu, la peur et l’incertitude s’immiscent rapidement dans le groupe. Un sentiment de paralysie s’installe. La tentation d’arrêter et de tout abandonner devient très grande.
Malgré les portes closes et les mesures de protection, le Christ ressuscité apparaît à ses disciples. Il débute en leur disant : « La paix soit avec vous. » En hébreux, ces mots peuvent être traduits par Shalom, une forme de salutation traditionnelle. Cependant, je crois que le Christ désire également réassurer les disciples. Il espère qu’ils et elles se calment et se ressaisissent. Oui, l’histoire invraisemblable rapportée par Marie de Magdala était vraie. La mort n’a pas eu le dernier mot. Pour bien convaincre ses disciples, le Christ décide de leur montrer les marques de sa crucifixion sur ses mains et son côté. Je dois avouer que ce choix paraît bizarre à première vue. Personnellement, avoir eu le privilège de revenir à la vie, je n’aurais peut-être pas conservé les signes de ma torture pour les montrer à tout le monde. Peu importe. Par la suite, le Christ souffle sur ces disciples et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » Un peu comme Dieu qui a insufflé la vie dans Adam dans le récit de la création dans le livre de la Genèse, le Christ accorde un nouvel élan spirituel à ces disciples par le souffle de Dieu.
D’une certaine manière, le cheminement des disciples représente une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui. Le récit du début de l’Église selon Jean ne commence pas par un événement spectaculaire ou dans la toute-puissance. Nous sommes loin de l’image d’une Église triomphante qui promet de régler tous les problèmes et la souffrance du monde si nous acceptons le Christ dans nos vies. Le christianisme est un mouvement qui s’amorce dans l’incertitude. La bonne nouvelle de la résurrection n’efface pas nécessairement la peur de ce que demain peut apporter ou de la réaction des autorités devant un message profondément subversif. Cette histoire ne tente pas de gommer la souffrance de Jésus ni celle vécue dans notre monde. La bonne nouvelle de la résurrection n’efface pas nécessairement toutes nos difficultés, nos épreuves ou nos blessures physiques et morales. Après une série d’événements traumatisants, les disciples étaient simplement à la recherche d’une forme de paix intérieure que le monde ne peut pas nous donner.
Malgré la peur, malgré l’incertitude, et malgré la confusion, les disciples ont trouvé le moyen de continuer leur ministère. L’esprit du Christ ressuscité est demeuré ancré en eux et en elles. L’essence du message de Jésus les a poussés à accomplir ce qu’ils ou elles ne croyaient pas capable de faire.
Ces hommes et ces femmes sont devenus une source d’inspiration pour les disciples de tous les temps et de tous les lieux. Elles nous ont enseigné que nous n’avons pas nécessairement toujours besoin de plus : plus d’argent, plus de talents, plus de formations spécialisées, etc. Nous avons déjà tout ce dont nous avons besoin pour prendre notre place dans la grande histoire du peuple de Dieu. Il nous faut simplement oser, sortir de tous les endroits physiques et mentaux où nous nous enfermons et avoir le courage de sauter dans le vide. Oui, il y aura des moments de doutes. Oui, parfois nous aurons peur. Oui, nous ne recevons pas de garanties que nos vieilles blessures vont guérir. Cependant, nous sommes appelés à oser la foi et à continuer la mission du Christ dans notre monde pour créer cet autre royaume, cette autre manière d’organiser la société.
Quelque temps après l’annonce de la résurrection, les disciples étaient toujours paralysés par la peur. Cependant, en rencontrant le Christ ressuscité, ils et elles ont compris qu’ils pouvaient continuer le ministère de leur maître. Deux mille ans plus tard, nous sommes invités à notre tour à croire que tout est encore possible malgré nos doutes et nos craintes.
Amen.
One Reply to “Sermon – Jean 20 : 19-31 (16 avril 2023)”
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Merci beaucoup pour ces sages paroles. J’ai décidé depuis quelques semaines d’aller à la rencontre de ma foi, celle que j’avais abandonnée depuis bon nombre d’années.
Merci de m’aider à guider mes pas et mon coeur avec la Parole que tu nous partages.