Sermon – Michée 5: 1-5 (12 décembre 2021)
Michée 5 : 1-5
Lors de ma planification du temps de l’avent, il y a plusieurs semaines, j’ai choisi pour ce soir la suggestion de lecture du Premier Testament, le texte de Michée que nous avons lu ce soir. Pour être honnête, je doutais de la pertinence de mon choix jusqu’à tout récemment. Le passage de l’évangile raconte la visite de Marie à sa cousine Élisabeth et du discours de celle-ci appelé le Magnificat. Je me disais que ce thème serait plus réjouissant à quelques jours avant Noël qu’un obscur texte d’un prophète mineur parlant de guerre et du Seigneur qui semble abandonner son peuple. Mais, comme vous le savez, tout a changé en l’espace de quelques jours, voire quelques heures. À cause du variant Omicron, le chaos s’est réintroduit dans nos vies. Les avancées des derniers mois semblent maintenant s’écrouler. Encore une fois, nous nous demandons si nous allons être capables de nous sortir de cette crise une fois pour toutes.
Le prophète Michée a vécu pendant un moment très éprouvant pour le peuple de Dieu, environ 700 ans avant Jésus-Christ. En regardant autour de lui, cet homme constate le chaos et la désorganisation sociale. Les gens ne vivent pas selon les enseignements de Dieu. La corruption se retrouve un peu partout. Les riches volent les pauvres. Les prêtres et prophètes s’alignent sur les autorités pour maintenir leurs statuts dans la société. Le Royaume du Juda, où est situé Jérusalem, survit de peine et misère. Et la machine militaire de la superpuissance de la région, l’armée assyrienne avance vers lui comme un bulldozer qui écrase tout sur son chemin. Une population exploitée et démoralisée a de la difficulté à rêver à des jours meilleurs.
Cette situation n’est pas si différente de celle du temps de la naissance de Jésus. Cette partie du monde vit sous la domination de l’Empire romain qui s’est arrogé le droit de vie ou de mort sur toutes les personnes. Une très petite élite locale réussit à tirer son épingle du jeu en exploitant le reste de la population. Le royaume est dirigé par un tyran paranoïaque prêt à tuer toute menace à son pouvoir, incluant son épouse et plusieurs de ses enfants. Les marchands du temple ont transformé un lieu de culte en un repaire de voleurs. Une population désabusée et tourmentée était en quête d’un sauveur pour les délivrer.
Cette situation n’est pas si différente de celle d’aujourd’hui. Nous ne vivons pas sous la domination d’un autre pays. Cependant, les hyperriches et les multinationales dictent leurs quatre volontés à nos gouvernements. La personnalité de l’année 2021 selon le magazine Time n’est pas les inventeurs du vaccin contre la COVID-19, mais Elon Musk, la personne la plus riche sur terre. En plus de notre incapacité de limiter la crise des changements climatiques, du recul de la démocratie un peu partout et des tensions entre les grandes puissances et blocs économiques, nous nous retrouvons encore une fois en danger en raison d’un nouveau variant qui a probablement émergé d’une région à faible vaccination. Une population effrayée et de plus en plus cynique est incertaine s’il y a réellement un avenir pour l’humanité.
Il est difficile de chercher des signes d’espoir quand nous avons l’impression que tout va mal. Les affirmations que ces événements font partie du plan du grand plan de Dieu nous laissent perplexes. Nous aimerons voir ce fameux plan afin de comprendre pourquoi nous continuons à souffrir constamment. Nous avons plutôt l’impression que c’est toujours la même rengaine, la même réalité qui se présente sous de nouveaux visages. Nous ne faisons que mettre de nouveaux pansements sur les mêmes vieilles blessures.
Cependant, le texte de ce soir ose nous inviter à regarder ailleurs, plus loin que les centres du pouvoir, de l’argent et de la lumière des projeteurs. Nous sommes appelés à tourner notre regard vers un endroit inattendu. Le prophète Michée affirme : « Et toi, Bethléem Éfrata, dit le Seigneur, tu es une localité peu importante parmi celles des familles de Juda. Mais de toi je veux faire sortir celui qui doit gouverner en mon nom le peuple d’Israël, et dont l’origine remonte aux temps les plus anciens. » De ce petit village insignifiant émergera un jeune berger qui grandira pour devenir le roi David, l’un des plus grands rois d’Israël. De ce village au milieu de nulle part naîtra d’une jeune femme et d’un simple charpentier, celui qui deviendra l’espoir de l’humanité. De ce village de Bethléem, Dieu renversera l’ordre des choses comme cela a été fait à de multiples reprises dans la Bible.
Aujourd’hui, comme il y a 3 000 ans, nous sommes invités à découvrir l’espérance dans les moments les plus imprévisibles. Nous sommes appelés à rencontrer les gens vivants à la marge du succès et de la célébrité et qui font preuve d’une incroyable créativité parce qu’ils n’ont souvent rien à perdre. Nous sommes encouragés à écouter ceux et celles qui ont compris que l’espoir peut être attaqué, mais difficilement exterminer. Du petit village de Bethléem, malgré la violence et le découragement, est sortie une nouvelle façon de concevoir le monde, un nouveau pouvoir qui ne s’impose pas par la force militaire ou financière, mais qui se manifeste dans une conviction profonde en un message qui donne un sentiment d’espoir pour demain.
Ce soir nous terminons le temps de l’avent, une saison qui nous invite à anticiper ce qui ne pouvait pas être anticipé, avec un texte nous invitant à voir au-delà des difficultés du moment présent. Lorsque les gens n’étaient plus capables d’entrevoir un peu d’espoir, le prophète Michée les a invités à imaginer un monde où ils ne seraient plus effrayés, anxieux ou démoralisés. Aujourd’hui, nous sommes ceux et celles qui sont appelés à croire en cette surprenante promesse, même si nous n’avons aucune idée comme elle se réalisera. Amen.