S’unir pour vivre selon notre foi
Ephésiens 4 : 1 – 16
Cette semaine, j’ai choisi un extrait de la lettre aux Éphésiens pour deux raisons principales. D’abord, selon les experts, Paul n’est pas l’auteur de ce texte. C’est toujours un plus pour moi. Cette épître aurait été composée environ 20 ans après sa mort. Cependant, de manière plus importante, j’apprécie ce passage parce qu’il aborde un sujet toujours d’actualité. Éphèse (situé aujourd’hui sur la côte ouest de la Turquie) était l’équivalent d’une grande capitale régionale de l’Empire romain. La population de cette ville était de plusieurs dizaines de milliers d’habitants issus d’un peu partout de la région méditerranéenne. Cet endroit était un genre de melting pot de cultures et d’influences, un peu comme nos villes modernes à travers l’Occident.
Cette diversité a contribué à la diffusion du message de Jésus. Très rapidement, une communauté de croyants et croyantes s’est organisée. Cependant, les Éphésiens n’ont pas échappé au défi de maintenir une cohésion au sein de leur groupe. La diversité de talents, d’opinions et d’idées créait des frictions.
L’auteur ou l’autrice de la lettre aux Éphésiens offre à cette communauté un conseil qui passe souvent inaperçu à la première lecture : « accordez votre vie à l’appel que vous avez reçu. » Partout dans la Bible, nous trouvons des personnes qui ont reçu et accepté un appel du Seigneur. Encore aujourd’hui, être appelé demeure un élément central de la foi chrétienne. Par exemple, depuis le début de mes études au collège théologique, j’ai dû écrire beaucoup de textes expliquant mon appel au ministère ordonné. Lorsqu’une paroisse de l’Église Unie du Canada désire embaucher un ou une pasteure, elle lance un processus d’appel. Dans la foi protestante, nous croyons que tous et toutes est appelé par Dieu à une série de ministères qui sont tous aussi important les uns des autres. Si certains ont un don pour parler en public, d’autres sont équipés pour enseigner la Bible aux plus jeunes, offrir des soins pastoraux aux personnes qui souffrent, préparer des activités derrière la scène, gérer les avoirs du groupe ou toute autre tâche essentielle qui passent souvent inaperçus.
Même si cette idée d’appel est parfois galvaudée par certains de nos jours (comme Dieu m’appelle à vivre dans une villa de plusieurs millions de dollars et à me déplacer en jet privé à travers le monde), je crois que ce concept demeure pertinent pour nous parce qu’il fait référence à quelque chose qui n’est pas toujours facile à expliquer, pas toujours facile de justifier logiquement, et surtout pas toujours facile à accomplir. Pour être totalement honnête, il est toujours plus facile pour une personne de penser et travailler exclusivement pour son intérêt. Il est toujours plus facile de dresser une longue liste d’ennemis qui nous ont blessés ou trahis dans le passé. Il est plus facile d’affirmer que mes opinions et mes manières de faire sont la seule bonne solution. Cependant, cet appel qui a été logé en nous par Dieu nous conduit souvent à nous soucier du bien-être d’étrangers qui habitent dans notre municipalité ou à l’autre bout de la planète. Cet irrésistible désir d’accorder nos vies à l’appel que nous avons reçu nous pousse à des actes de réconciliation entre ce qui a été divisé afin de ramener l’espoir où il n’en existe plus. Cette invitation nous aide à découvrir chez les autres des dons et des talents pour faire grandir l’ensemble du corps du Christ.
Malgré les nombreux défis devant nous, malgré l’apparente contradiction entre notre foi et les réalités de notre monde, et malgré le fait que nos valeurs peuvent parfois tomber sur les nerfs de certains, nous ne devrions jamais oublier que vivre une vie en accord avec notre appel devrait être un idéal qui nourrit nos vies. Cette invitation ne devrait jamais être une punition, une discipline ardue ou une position pour asseoir notre supériorité morale. L’épître aux Éphésiens ne nous demande pas de performer en société afin de convertir les gens à notre cause. Le but est de simplement mettre en pratique dans notre vie quotidienne ce qui nous semble juste et bon. Nous sommes invités à utiliser notre imagination pour trouver des moyens pour que les gens partout autour du monde puissent avoir suffisamment à manger. Nous sommes appelés à utiliser nos ressources pour solutionner les nombreux conflits qui nous divisent. Nous pouvons utiliser notre parole pour dénoncer les injustices qui nous éloignent du rêve de Dieu pour l’ensemble de l’humanité, ce que certains appellent le Royaume du Dieu.
Dans cette optique, la diversité dans l’Église de Dieu sur terre n’est pas une malédiction à gérer, mais une forme de bénédiction. La multiplication de talents, de dons et de ressources nous permet d’accomplir davantage. Si suffisamment d’entre nous osent répondre, tout simplement, à cet appel de Dieu et s’unissent autour d’objectifs assez simples lorsque nous prenons le temps d’y penser, nous pouvons faire une différence dans notre monde.
Nous sommes tous et toutes appelés à accorder notre vie avec l’appel que nous avons reçu de Dieu. Dans la lettre aux Éphésiens, nous sommes invités à utiliser tous nos dons qui sont différents les uns des autres afin de travailler pour un objectif commun. Ensemble, nous pouvons créer une série de changements pour le bénéfice de tous et toutes, pour la construction du royaume de Dieu. Amen.