Trouver de l’espoir malgré la mort
1 Thessaloniciens 4 : 13-18
Dans quelques heures, j’amorcerai une semaine de formation continue. Peut-être, vous vous demandez à quoi servent ces semaines. Parfois, absolument à rien. Par le passé, je me suis inscrit à des conférences dont le sujet paraissait intéressant et ce fut de gros zéros. Heureusement, ce n’est pas toujours le cas. Il y a une quinzaine d’années, j’ai participé à un événement mettant en vedette le théologien John Dominic Crossan et j’ai été estomaqué par son approche et ses explications des écritures. Depuis, je lis ses livres et je cours les conférences où il apparait. Le printemps dernier, j’ai écouté sur YouTube une série de présentations dans lesquelles il expliquait ses dernières recherches sur la résurrection dans les écrits de Paul. Nous savons que les pharisiens croyaient en la résurrection des morts. Cependant, leur version de la chose était plus proche de ce que nous appelons couramment le jugement dernier, le moment où tout le monde revient pour savoir s’ils seront du côté des bons ou des méchants. Pour Paul, qui était un pharisien à l’origine, la résurrection n’est pas un moment unique dans l’histoire ni un événement impliquant une seule personne, mais un mouvement collectif. La résurrection du Christ n’est que le début d’un processus plus global, d’une résurrection universelle. Cela se reflète dans le Symbole des Apôtres où nous pouvons lire : « il est mort, il a été enseveli, est descendu aux enfers; le troisième jour, il est ressuscité des morts… » Jésus est descendu aux enfers pour y libérer les âmes de toutes les personnes décédées avant lui et toutes ces personnes sont ressuscitées ensemble. La même chose est vraie pour tous ceux et celles qui le suivront dans le futur. C’est pour cette raison que Paul affirme que Jésus Christ est la vie. Totalement fascinant!
Pour en revenir au texte de ce soir, la fin de l’année liturgique offre toujours une série de passages sur la résurrection et la fin des temps. L’extrait est tiré de la première lettre aux Thessaloniciens. Fait intéressant : ce texte serait la plus vieille lettre de Paul à notre disposition. En fait, il s’agirait du plus ancien livre du Nouveau Testament, datant bien avant l’écriture des évangiles. Au cours de son deuxième voyage missionnaire, Paul aurait fondé une communauté de foi à Thessalonique en Grèce. Il a converti plusieurs personnes avant de continuer leur petit bonhomme de chemin. À un certain moment, les Thessaloniciens font parvenir un message à Paul. Ils sont toujours en accord avec l’idée que les croyants seront avec Dieu à la fin des temps. Aucun problème. Cependant, depuis la dernière visite de Paul, Achille, Hector et Chloé sont décédés. Que va-t-il se passer dans leur cas? Est-ce qu’ils vont être exclus du Royaume de Dieu? Est-ce qu’ils vont rater leur chance d’être réuni avec le Seigneur pour une question de mauvais timing?
Si plusieurs personnes abordent cette question soulevée du point de vue du Salut, j’ai remarqué cette semaine la dimension communautaire de la question. Les Thessaloniciens connaissaient très bien ces personnes décédées et ils s’inquiétaient pour eux et elles. Au-delà des aspects théologiques, ils voulaient être rassurés. C’est probablement pour cette raison que Paul leur répond que Dieu n’abandonne pas les siens. Puisque Christ est ressuscité, les personnes décédées depuis son voyage n’ont rien à craindre. Elles seront ressuscitées et seront en présence du Seigneur.
Comment ceci peut-il être possible? Dans le texte, Paul n’offre pas vraiment d’explication claire et précise pour une personne du 21e siècle moindrement sensée. Toute cette histoire apocalyptique de signal de l’archange, de trompette de Dieu, du Christ descendant du ciel dans la gloire et d’envolé collective pour résider pour toujours avec le Seigneur peut devenir un excellent scénario de livre ou de film. Cependant, il est difficile de croire que ce genre d’événements puissent se produire devant nos yeux. Je crois que Paul serait probablement d’accord avec nous. Par ces mots, il tentait d’offrir un message d’espoir aux Thessaloniciens à partir d’images qu’ils pouvaient comprendre. Paul a utilisé des éléments de la plus grande puissance connue à cette époque, l’Empire romain : le son de la trompette annonçant un événement important, l’arrivée de l’Empereur proclamé dieu de son vivant, la récompense des personnes qui acceptent son message. En fait, Paul affirme que les promesses de Dieu reposent sur un pouvoir encore plus grand que celui de Rome. Les Thessaloniciens peuvent continuer à croire que Dieu ne les oubliera jamais. Même la mort ne peut changer cette réalité.
Nous ne savons pas exactement si les Thessaloniciens ont été réassurés par les propos de Paul. Si c’est le cas, nous aimerions souvent savoir comment ils ont fait. Toutes les tragédies personnelles qui affectent nos vies, tous les morts que nous pouvons voir presque en direct aux nouvelles ces dernières semaines, peuvent nous faire demander si nous n’avons pas été séparés pour toujours de l’amour de Dieu. Où trouver l’espoir dans la douleur et la destruction? Peut-être, au lieu d’attendre le grand jour du retour triomphal du Seigneur et de l’instauration du Royaume de Dieu sur terre à la suite d’un claquement de doigts, nous pouvons débuter par de plus petites choses à notre portée : s’encourager les uns les autres, prier régulièrement et dire merci pour les bonnes choses de la vie. Nous pouvons comme les Thessaloniciens nous soucier du bien-être des membres de notre communauté afin que tous et toutes puissent vivre une existence digne de notre appel à créer un meilleur monde. Par ces petits gestes, nous pouvons conserver l’espoir qu’au-delà de toutes les manifestations de puissance, les signes de destruction et du sang répandu inutilement, Dieu ne nous abandonne pas.
Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, Paul offre un message d’espoir à tous ceux et celles qui sont découragés par la mort et la destruction qui nous entourent. Absolument rien dans ce monde ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Par sa résurrection, le Christ offre une nouvelle vie à tous et toutes. Amen.
* Alex Mihu, unsplash.com